dimanche, juin 22, 2008

Mes collègues raisonneraient-ils comme des tambours ?


Ne vous attendez pas, ô lecteurs très hypothétiques de ce carnet, à des révélations croustillantes sur les moeurs et turpitudes de l'enseignant moyen à l'approche de vacances bien méritées, comme dirait ma concierge à laquelle je ne parle plus depuis qu'elle a décidé de ne jamais exister.

Je ne brosserai pas, ce qui serait d'ailleurs douteux pour un professeur, un tableau (noir ?) de l'enseignant plongé dans ses délibérations et attelé à la rédaction de ses mémoires dans ce style administratif propre aux circulaires et autres paperasseries, ce qui me permet de penser que l'intérêt d'un texte est inversement proportionnel à la quantité de jargon dont il se pare. Je ne brosserai donc pas : j'esquisserai simplement une grimace bien personnelle face aux étranges habitudes de certains de mes collègues de branche.

Deux précautions : d'abord, je ne parle que de collègues que je ne connais pas ou peu ; ensuite, lorsque je parle de branche, il ne s'agit pas de celle dont on fait les rameaux ou le bois sec, qui ploierait sous mon poids, mais de ma branche, le français un rien littéraire... Je vais donc vous parler de pratiques de cours et, tel Cicéron encaqué dans sa toge, en prenant garde où j'agiterai les pieds et les mains.

J'avoue qu'il me semble parfois que certains de mes collègues transforment leurs cours en bizutage systématique : et les examens de ressembler à ces épreuves de baptême, les chansons et la bière en moins, bref sans ce qui les rendrait peut-être supportable. Plusieurs cas me sont revenus par l'intermédiaire de collègues, des proches ceux-là, se retrouvaient face à des aberrations au seuil des examens. Si je récapitule, leurs enfants ont été victimes de Sollers, de Quignard, de la Renaissance et de la dissertation : a priori sujets intéressants, sauf Sollers tout de même... Et pourtant, j'avoue ma stupéfaction face à ces réflexes de cultureux transis, de ceux qu'on retrouvait dans les académies locales où ils rédigeaient des textes dignes du maire de Champignac, face à ces tortionnaires du savoir qui, par un manque probable de souplesse, restent confits dans les escroqueries d'un élitisme en toc, face à ces crétins, même pas Alpes, qui s'admirent le cervelet confit dans sa courtoise suffisance, sur lit de clichés mi-recuits.

Je m'indigne quand une gamine de cinquième, environ dix-sept ans, se retrouve avec sa première dissertation à l'examen final, parce qu'un système de réflexion s'apprend d'abord, s'utilise ensuite, se maîtrise enfin : qui d'entre nous s'avèrerait capable de recréer une construction de pensée s'il ne l'avait au préalable exercée ? Mais peut-être que ma collègue se sent peu concernée par l'admiration d'une pensée qui évolue ?
Je m'exaspère qu'on inflige à une élève de rhétorique Philippe Sollers, cet exécrable commentateur permanent des peintures qu'il a découvertes en éclaboussant au rouleau son domicile très germanopratin ou en contemplant le calendrier des postes au Flore, ce fumiste qui passe ses lourds récits à ne parler que de ce que firent d'autres, bien plus talentueux : c'est sans doute cette posture de boutiquier des lettres qui doit plaire à ma deuxième collègue en ce cas...
Et c'est avec une mine courroucée, entre autres, que j'apprends les avanies d'une élèves de quatrième, quinze ans aux prunes : elle s'est vue soumise à une véritable inquisition sur la Renaissance à travers Dante (avec lecture de La Divine Comédie), Pétrarque, Machiavel, Rabelais, Montaigne, Erasme et Pascal Quignard, pour Les escaliers de Chambord. Sans doute, dans ce cas-ci, ma collègue ne s'est-elle pas rappelé le principe de la "tête bien faite" puisque là encore cette représentante d'une certaine gent professorale lui préférait un "Démerdez-vous" fort peu pédagogique : songeait-elle donner son cours à des autodidactes ?

Je n'ai rien contre la culture : je trouve d'ailleurs admirables les poèmes de Molière et le théâtre de Baudelaire, comme n'importe quel animateur télévisuel. Mais j'apprécie avant tout mes lectures et tout ce que j'apprends pour ce que je peux y puiser, et parfois partager : et mon métier consiste, autant que possible, à fournir quelques repères à mes élèves. En quelque sorte, comme ne l'a pas tout à fait dit Montaigne, je construis un passage où c'est l'interaction elle-même qui devient intéressante, puisqu'elle s'autorise des découvertes pour qui ne savait pas et des revitalisations pour qui pensait savoir. Je plaide donc pour un gai savoir, pour une coopération face à ces fous cultureux qui, en fait, négligent qu'un livre n'existe pas pour leur seul nombrilisme exclusif mais peut, potentiellement, s'adresser au plus grand nombre, pour peu qu'un professeur daigne à passer par là.

Et tant pis s'il faut se résoudre parfois à certains clichés, à des simplifications abusives et douteuses : nous n'enseignons pas seulement un savoir, nous nous devons de le communiquer, au risque de parfois le malmener plutôt que nos élèves.

vendredi, juin 13, 2008

Buddy Rich Live at the Muppets Show

Avant un retour en fanfare de l'auteur très sporadique de ce blog intermittent, je vous laisse une petite démonstration de batterie entre l'Animal des Muppets et Buddy Rich.

Au moment de mourir, Buddy Rich avait répondu à une infirmière qui lui demandait si quelque chose le dérangeait : "Oui, la musique country !" Il ne devait pas connaître la variété française...

A bientôt