N'est-il pas avisé d'évoquer le sexe lorsque l'on écrit des texticules ? Je viens d'achever la lecture d'un petit bouquin d'Edouard Launet, intitulé Sexe Machin, un hommage relatif à James Brown et aux scientifiques qui doivent l'écouter très sérieusement le matin en analysant leur café tout en rédigeant un rapport circonstancié de leurs activités nocturnes.Etude des stimuli, caractérisations comportementales, erreurs d'aiguillages ou même résonance magnétique d'un accouplement, encore plus fort que la copulation de Vinci (ci-dessus) : les anecdotes abondent et mettent davantage en perspective certains délires scientifiques plutôt que des idées reçues sur le sexe. Il en va ainsi d'une étude sérieuse, forcément, sur la corrélation entre les fluctuations en bourse et la longueur des mini-jupes : j'éviterai de pousser plus loin mes propres commentaires, puisque j'ai tendance à juger, selon ma propre expérience, que les obstacles insidieux se multiplient sur les trottoirs lorsque de jolies jambes se dévoilent enfin après leur hibernation forcée. Je dois avoir l'esprit scientifique.
Plus sérieusement, si j'ose le penser, je viens aussi d'achever un guide publié par Charlie-Hebdo, à la suite de prises de position sur l'amendement Mariani, et intitulé L'ADN expliqué à Sarkozy, moins réjouissant que l'ouvrage d'Edouard Launet : j'avoue que je reste perplexe sur l'utilisation du fichage en matière de criminalité, puisque l'on justifie par l'existence d'une technoscience une pratique culturelle, quitte à en revenir au déterminisme très en vogue au dix-neuvième siècle où phrénologie et physiognomonie étaient censés indiquer le comportement d'un individu. il est toujours intéressant de voir comment la fiction s'inspire de la réalité, comme dans le réalisme et le naturalisme : il est par contre redoutable de voir la réalité reconstruite comme une fiction dans le discours politique ou économique.
Je ne vais pas rappeler la citation de Rabelais à propos de la science : si elle est connue de presque tous, force est de constater qu'elle n'est plus qu'une référence vaguement scolaire. Le monde judiciaire connaissait déjà le danger de l'expertise, sujette aux erreurs et aux interprétations : son extension inconséquente à tous les domaines de notre vie sociale requiert certainement notre vigilance, faute de quoi nous devrions constater notre incapacité à utiliser avec intelligence les outils auxquels notre créativité nous a permis d'accéder.
A quoi servirait-il de détruire les chapelles s'il nous faut toujours construire de nouveaux temples ? Le lecteur avisé comprendra que je préfère les études sur la longueur des mini-jupes : l'absence de nécessité est à la source du plaisir.
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