dimanche, janvier 11, 2015

Même pas morts !

Depuis quelques années, je ne lisais plus Charlie-Hebdo que très sporadiquement . A la lassitude engendrée par le prêt à penser de Philippe Val, qui avait fini par déteindre sur la rédaction, succéda l'écoeurement de l'affaire Siné Clearstream : c'est avec peine que je voyais ce journal, qui fut mon enchantement durant tant d'années, se perdre dans une posture moraliste bas de gamme tout en s'affichant irresponsable. L'indifférence était la solution. Et pourtant...



Et pourtant, depuis mercredi, je ne cesse de penser aux victimes de cet attentat, à chacune d'entre elles pour ce qu'elle incarne dans notre démocratie, tous ces gens qui étaient là parce qu'ils faisaient leur boulot quotidien, avec le courage et l'acharnement de ceux qui savent ce qu'ils doivent faire. Qu'ils soient journalistes, caricaturistes, policiers, technicien, correcteur, chroniqueurs, ils nous représentent tous dans notre persistance à vivre dans notre liberté de démocrates. Les victimes du terrorisme nous montrent toujours leur dignité, par contraste avec leurs lâches assassins. Si le terrorisme vise à instiller la peur, il peut échouer lamentablement quand le quotidien reprend le dessus, quand chacun continue les petits combats bien modestes qu'il menait au quotidien. 



Il y aura de nombreux hommages dans les prochains jours, certains douteux, d'autres plus réconfortants. Le monde politique, les médias traditionnels, les représentants des cultes se précipitent, y compris dans leurs tendances très droitières, pour affirmer leur soutien de circonstance : et nous avons l'impression d'assister au spectacle pitoyable de ces condoléances dites à haute voix pour masquer le manque de conviction. De simples quidams ou les dessinateurs de presse me semblent beaucoup plus courageux : eux osent s'interroger sur l'impact réel de ce massacre tout en témoignant leur sympathie pour les victimes, eux ne se lancent pas dans une quête au symbole mais agissent face à une réalité qui les attriste. Et leurs réactions vont sans doute avoir beaucoup plus d'impact que les effets de manche de ceux qui évoquent la démocratie alors qu'ils la détournent au jour le jour. 

    
C'est sûrement pour cette raison que je regrette Charlie-Hebdo : nos malentendus, mes préventions, mon indifférence me peinent particulièrement depuis quelques jours. Mais je regretterai surtout de ne plus pouvoir enguirlander certains des dessinateurs morts ce mercredi : les réactions de leurs collègues me rappellent à quel point ils étaient sincères, les hommages de circonstance me font regretter qu'ils ne soient plus à nos côtés dans les combats qui s'annoncent.



Merci à tous de ce rappel au combat !

Ubu persiste et signe !


1 commentaire:

Flopy a dit…

Merci à toi pour ce retour! Un peu de réflexion dans ce monde de brutes ne fait de tort à personne!