dimanche, octobre 15, 2006

Ethique en toc ?




Les élections communales, nous en sommes enfin sortis. Enfin, les politiciens ont fini par en sortir : certains sont battus, y compris parfois par les atermoiements de leurs campagnes ou de leurs listes ; d'autres agiront plus ou moins dans l'intérêt des citoyens de leur commune ; d'autres enfin auront acquis ou réobtenu le tremplin de leurs ambitions personnelles... Et pourtant, il faut voter.

Au-delà de la dramaturgie à la petite semaine de toute élection, il reste cette sorte de passif que la démocratie entretient avec ses pratiques quotidiennes. Sa justice, malade depuis tant de temps que l'on va finir par se demander si, comme le chômage, les fièvres ne sont pas vouées à se transformer en maladies chroniques.

Je ne reviendrai pas sur la condamnationde la Belgique dans l'affaire de la petite Tabitha, une gamine de 5 ans remballée dans son pays sous le prétexte fumeux d'une politique sécuritaire. Je ne reviendrai pas non plus sur le fait de citer l'origine supposée d'un délinquant lorsque son crime, de toute évidence, n'est pourtant en rien lié à cette même origine. Je ne citerai pas davantage l'une ou l'autre de mes élèves, sans papiers ou sous le coup d'une mesure d'expuslion, qui devrait retrouver un jour, au nom de la sérénité de notre justice, les horizons dévastés de l'Albanie, du Kosovo ou du Khazakstan : d'ailleurs, je ne suis même pas sûr de savoir comment je pourrais bien écrire correctement le nom de ces pays.

Nous créons de plus en plus de lois, comme si l'étendue des délits possibles connaissait une croissance exponentielle, comme si nos actions quotidiennes ne pouvaient recouvrer un rien de moralité qu'exclusivement sous le coup de la loi, comme si nous ne pouvions percevoir nos relations de tous les jours qu'à l'aune d'un contentieux quelconque... Nous créons chaque jour davantage de lois et les pouvoirs publics oublient de les appliquer : pire, leur application correspond le plus souvent à des politiques de comptoir où les phraseurs de circonstance et de bistrot disposeraient d'une délégation de pouvoir.

La loi, c'est une sorte de plus petit dénominateur commun, une base bien en dessous de ce que notre morale, qu'elle soit confessionnelle ou pas en fait, devrait nous amner à faire. La loi devrait se résumer à une base générale, qui se substitue à la loi de la jungle et rétablisse un équilibre équitable entre tous les citoyens, et même tous les résidents, d'un pays.

Mais la loi, c'est aussi sa mise en application : de la qualité de l'avocat à la volonté politique de mettre en oeuvres les mesures annoncées à grand frais, en passant par les aléas de l'opinion publique et médiatique. Au fond, la loi est devenue un cache-sexe de tous les comportements irresponsables, en ce fait qu'elle place sur un même plateau les délits contre l'intégrité physique et les biens, la grande et la petite délinquance : et nous mêmes ne nous souvenons de son humanité, à la justice, que lorsqu'elle déraille comme à Outreau...

La loi s'interprète, se décline, évolue parfois : elle devient, par la monstruosité de ses appendices, une sorte de corps obscène qui perdure par ses extrémités tout en offrant la vision d'un corps constitué malade et souffreteux, nourri des lâchetés de l'ensemble d'une démocratie qui n'ose même plus regarder ses propres comportements en face. A la foule des lois s'agglutinent les codes de déontologie, les règlements privés, les ordres de service et autres dissonances qui font d'une société une cacophonie permanente.

Et ce ne sont pas des politiciens, avides de brasser leur électorat, qui vont résoudre ce paradoxe d'une loi qui enferme au lieu de protéger...





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