Elle est étrange, ces manies de multiplier les causes uniques. Je ne vais pas viser le seul Naboléon, qui me donnera sans doute l'occasion de me gausser de ses initiatives d'Hercule de foire aux petits bras et de bateleur du Trône, la foire itou. Pour une fois, je vais prendre le risque de me fâcher avec tout le monde.
Naboléon, alias le nouveau Badinguet, accusait Mai 68 de tous les maux lors de sa campagne : c'était loin d'être une originalité puisque Luc Ferry, ce ministre de l'éducation que vous n'avez peut-être pas eu le temps de voir passer, avait commis un ouvrage qui prétendait, beaucoup, épuiser le sujet. Retour de bâton de l'histoire : c'est Ferry le pompier qui semble bien piteux face à un Philippe Sollers en forme, dans un récent débat lors de l'émission Esprits libres.
Le plus étonnant ne fut sans doute pas que Ferry ait été lamentable : ses "écrits" geignards nous y avaient habitué. Mais que Sollers puisse encore flamboyer, diantre ! Sans doute parce que ce joli mois de mai là, contrairement à ceux qui se sont succédés depuis, est devenu un mythe : au moins pour la droite française contemporaine. Vais-je glousser sur la peur panique qui saisit les élites face à un mouvement qu'elles n'ont toujours pas pigé ? Ben tiens, je vais me gêner.
En fait, les grandes trouilles me font rire, surtout lorsque l'un ou l'autre Joseph Prudhomme s'essaie à les expliquer. Aux difficultés qui doivent bien avoir leurs raisons, le béat candidat préfère développer devant ses béats militants des causes simples, tant le militant doit avoir le képi tout près du front puisqu'on lui demande surtout d'être discipliné. Et notre Madame Irma de vociférer contre Mai 68, les immigrés, la racaille ou les pannes de Karcher - qui me rappelle ma très grand ignorance de certains caractères spéciaux, d'ailleurs - tandis que ses concurrentes trouvent d'autres chats à fouetter.
Non, je ne crois pas aux causes uniques, pas plus que je ne me fierais aux valeurs uniques de ceux qui exigent l'ordre alors qu'eux-mêmes pondent des lois au détriment de leur application, de ceux qui exigent un climat de terreur pour mener leur contestation, fût-elle fondée, ou de ceux qui pressent le doigt sur la couture du pantalon parce qu'ils se méfient du lyrisme de leurs mains.
Non, je n'aime pas les parvenus berlusconiens ou socialistes carolos, les paranoïaques qui se la jouent "Cité de la peur" pour se sentir moins nuls, les abonnés aux grands complots qui tripotent leurs vidéos du Pentagone ou leur codex davinciens comme d'autres le firent d'un certain Protocole, les hérauts de l'intelligence qui ressassent des bêtises et des clichés à faire ricaner Flaubert, les vraies gens avec leurs vrais problèmes dans de vraies émissions où le seul principe reste de s'interroger sur la qualité de la prothèse dentaire du vrai animateur-vedette, et puis tous ces candidats qui me parleront les yeux dans les yeux avant de s'adresser, une fois élus le 10 juin, à une certaine partie de mon anatomie que l'âge semble rendre chaque année plus chatouilleuse.
Ne vous inquiétez pas trop, il y a aussi ceux que j'aime bien ou même beaucoup : mais vous ne voudriez tout de même pas que j'embrasse mon écran, non ?
Naboléon, alias le nouveau Badinguet, accusait Mai 68 de tous les maux lors de sa campagne : c'était loin d'être une originalité puisque Luc Ferry, ce ministre de l'éducation que vous n'avez peut-être pas eu le temps de voir passer, avait commis un ouvrage qui prétendait, beaucoup, épuiser le sujet. Retour de bâton de l'histoire : c'est Ferry le pompier qui semble bien piteux face à un Philippe Sollers en forme, dans un récent débat lors de l'émission Esprits libres.
Le plus étonnant ne fut sans doute pas que Ferry ait été lamentable : ses "écrits" geignards nous y avaient habitué. Mais que Sollers puisse encore flamboyer, diantre ! Sans doute parce que ce joli mois de mai là, contrairement à ceux qui se sont succédés depuis, est devenu un mythe : au moins pour la droite française contemporaine. Vais-je glousser sur la peur panique qui saisit les élites face à un mouvement qu'elles n'ont toujours pas pigé ? Ben tiens, je vais me gêner.
En fait, les grandes trouilles me font rire, surtout lorsque l'un ou l'autre Joseph Prudhomme s'essaie à les expliquer. Aux difficultés qui doivent bien avoir leurs raisons, le béat candidat préfère développer devant ses béats militants des causes simples, tant le militant doit avoir le képi tout près du front puisqu'on lui demande surtout d'être discipliné. Et notre Madame Irma de vociférer contre Mai 68, les immigrés, la racaille ou les pannes de Karcher - qui me rappelle ma très grand ignorance de certains caractères spéciaux, d'ailleurs - tandis que ses concurrentes trouvent d'autres chats à fouetter.
Non, je ne crois pas aux causes uniques, pas plus que je ne me fierais aux valeurs uniques de ceux qui exigent l'ordre alors qu'eux-mêmes pondent des lois au détriment de leur application, de ceux qui exigent un climat de terreur pour mener leur contestation, fût-elle fondée, ou de ceux qui pressent le doigt sur la couture du pantalon parce qu'ils se méfient du lyrisme de leurs mains.
Non, je n'aime pas les parvenus berlusconiens ou socialistes carolos, les paranoïaques qui se la jouent "Cité de la peur" pour se sentir moins nuls, les abonnés aux grands complots qui tripotent leurs vidéos du Pentagone ou leur codex davinciens comme d'autres le firent d'un certain Protocole, les hérauts de l'intelligence qui ressassent des bêtises et des clichés à faire ricaner Flaubert, les vraies gens avec leurs vrais problèmes dans de vraies émissions où le seul principe reste de s'interroger sur la qualité de la prothèse dentaire du vrai animateur-vedette, et puis tous ces candidats qui me parleront les yeux dans les yeux avant de s'adresser, une fois élus le 10 juin, à une certaine partie de mon anatomie que l'âge semble rendre chaque année plus chatouilleuse.
Ne vous inquiétez pas trop, il y a aussi ceux que j'aime bien ou même beaucoup : mais vous ne voudriez tout de même pas que j'embrasse mon écran, non ?
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